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Les premiers échanges entre la Chine et l’Occident ont eu lieu il y a presque 2 000 ans. Les marchands chinois découvraient le Golfe Persique. Ainsi commença le commerce de la soie avec les romains.
Marco Polo, au XIIIe siècle, resta seize années en Chine, au service de l’empereur Kubilay Khan. Son ouvrage, « Livre des Merveilles du Monde » relate des histoires très exotiques de ce pays lointain, à la culture si éloignée de celle de l’occident. Les singularités en provenance de l’Empire du Milieu trouvent place dans les cabinets de curiosités. Les plus célèbres sont les « blanc-bleu » du XIVe siècle. Exportées au cours du XVIe siècle, elles donnent naissance aux fameux « cabinets de porcelaine ». Dès lors, les « chinoiseries » – porcelaines, tapis, soieries, objets artisanaux, mobiliers – gagnent toute l’Europe !
L’engouement pour l’Art chinois reste vif en raison du long enfermement du pays. À l’intérieur de ses frontières et des restrictions apportées à l’entrée des européens, le succès des expositions d’objets et pièces d’art en provenance de la Chine témoignent pourtant de cet intérêt.
Beaucoup d’objets ont été dispersés ou détruits par suite d’instabilité politique que traverse la Chine dès le début du XIXe siècle avec les guerres de l’opium, le sac de Pékin, la chute de la dynastie des Qing puis au début du XXe siècle avec la guerre civile entre les nationalistes et communistes, le conflit sino-japonais et enfin la révolution culturelle.
Aujourd’hui, après la mort de Mao Zedong, avec l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie, on peut observer un regain d’intérêt pour l’art et la manufacture d’objets de qualité. Les chinois apprécient les objets anciens, l’histoire des objets et de ceux et celles qui les créent.
Cette rubrique est régulièrement enrichie de contenus qui apportent des explications sur la culture chinoise par les symboles, les objets, les couleurs et les usages. Je vous propose une immersion dans l’Empire du Milieu par le beau et le design, le travail des matières. La main de l’homme fascine et fascinera toujours.
LE SYMBOLE DANS L’ART DÉCORATIF
Les arts décoratifs chinois sont très riches. On y trouve des décors géométriques, des décors floraux et animaliers ou des personnages, accompagnés de signes et calligraphies parfois indéchiffrables. Ces symboles sont importants, ils appartiennent au zhuang wu yuyi, littéralement, « décrire le sens caché de toutes choses ». Ce déchiffrement passe par l’étude des symboles, des attributs et des associations d’idées lianxiang, et des analogies xieeyinzi qui fourmillent dans l’art et la culture chinoise.
LES IMAGES DE SUBSTITUTION DANS L’ART DÉCORATIF
Il est d’usage très courant de recourir à des symboles pour déclencher des association d’idées. La grue et la tortue, par exemple, expriment la longévité. La grenade, la cacahouète, le raisin et la jujube (zaozi) en raison de la présence du pépin ou du noyau, sont associés à une nombreuse descendance. Les cadeaux de mariage sont associés à ces images pour porter bonheur et aussi en raison de l’analogie avec zi, qui signifie la graine, l’enfant. Les symboles sont utilisés seuls ou en groupe par les artistes et artisans. Le saule et l’hirondelle expriment quant à eux, la grâce et la douceur féminine. Le tigre dans les bambous est l’association de la force terrestre avec celle de la Nature. La pêche, la grenade et la main du Bouddha (la bergamote) sont les trois fruits qui traditionnellement représentent les Trois Bonheurs : longévité, descendance et richesse. Alors que le pin, le bambou et le prunier sont désignés sous le nom des « Trois amis » parce qu’ils résistent à l’hiver ! D’autres associations sont faites entre animaux, oiseaux, et plantes, résultat de l’observation de la Nature et du quotidien. Les canards sont souvent associés aux nénuphars, les cailles avec le millet, les faisans avec les pivoines, la grue ou l’aigle avec le pin, le rat avec le raisin… il faut rechercher ces « associations » dans les croyances et les religions.
LES ANIMAUX À POILS
Le boeuf dans le nord, le buffle dans le sud (nui), est un des thèmes souvent utilisé en peinture ou en poésie pour exprimer le calme, le bonté, la force paisible, la tolérance, la vie rurale. « L’enfant au buffle » est très souvent représenté et très connu. Cette représentation exprime à travers l’allégorie du berger, la maitrise du troupeau, l’une des grande caractéristique de la philosophie chan ( zen en japonais), la victoire du faible sur le fort.
Autre représentation très populaire : le vieux maître Laozi monte un buffle vert pour quitter le royaume de Zhou en raison de la corruption qui s’y est installée. Le buffle est aussi associé à l’eau; il a le pouvoir d’empêcher les inondations et les effondrements. Des bronzes représentant des buffles font souvent office de fondations de ponts et passerelles. Le boeuf est aussi une monture qui peut remplacer le cerf au Dieu de la Longévité, Shouxinglao.
Il participait aux cérémonies de semences et au tracé des sillons par l’empereur, au Temple du Soleil.
